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2005
- Installation au pochoir avec du pigment outremer et des fientes d'oiseaux migrateurs, Projet TGD4, Tambacounda, Sénégal :
"Voici l'arbre des hommes libres, l'arbre pain, l'arbre flèche, l'arbre poing, l'arbre feu,
De notre époque nocturne l'eau tumultueuse le noie, mais son mât balance le cercle de sa puissance."
Pablo Neruda, Canto General, 1945
L'installation prit place sous un grand Kapokier, arbre tropical mythique dont parlèrent dans leurs poésies Étienne Goyémidé et Faustin Niamolo. Présent sur les armoiries de Porto-Rico et de Guinée Équatoriale, sacrés pour les Mayas, l'histoire lui donna de nombreux noms : Arbre Coton, Arbre de Dieu, Bonga, Ceiba de Lana, Kekabu, Fromager, Pochota, Sumauna, Toborochi, Yaxche,...
L'arbre abritait toutes les nuits des centaines d'Aigrettes Garzettes, qui après leur traversée du Sahara venaient plomber le sol de fientes blanches. L'installation aura dés lors consisté en la répartition au pied de celui-ci d'une couche de pigments indigos utilisés par les autochtones pour redonner de l'éclat à leur pagnes, et en la disposition par dessus de lettres en carton recomposant un court extrait en créole du recueil bilingue du poète Guadeloupéen Sonny Rupaire (Soni Ripé, 1940-1991) : "Cette igname brisée qu'est ma terre natale"1 ou Grand parad ti kou baton krey porem an kreyol gwadloupeyen.
"La vi en nou sé fé, mizé, maladi, dévenn,
é lanmó karivè pou nou, kon lambeli apré movétan (...)"
(Notre vie est faite, de misère, maladie et malchance,
et la mort arrive pour nous comme une éclaircie après l'intempérie)
Sonny Rupaire, Lameca, in Cette igname brisée qu'est ma terre natale, 1971
Pochoir résultant de la chute nocturne d'une blancheur immigrée sur du bleu indigène, ce travail de surface renvoie par ses différents contenus aux migrations esclavagistes dont la poésie Caraïbe est l'un de ses résultats, et le Sénégal le point de départ.
La pièce est également une allusion directe au concept rituel Africain de l'"arbre à palabres" (Mti mkubwa ou Mbuyu en Swalihi, Penethje ou Guouye en Wolof, Leki-Ndiaouté en Poular, Lohodiou-koro en Saussé, Bantaba en Bambara, etc...) où Kapokiers et Baobabs servent de lieu de réunion traditionnel aux anciens pour discuter des problèmes de la communauté.
L'arbre sous lequel la pièce fût installée se trouve dans la cour du "Ministère du Plan et du Développement Durable".
Le curateur du projet était Oussmane Dia.
1/ L'Igname est une plante médicinale originaire du Sénégal.
- "A nos morts" : trois mises en situations d'un texte d'Aimé Césaire dans l'abattoir de Tambacounda, Sénégal :
Ayant grandis au Cameroun, au manioc, aux termites, je reviens sur ce sol après dix-sept ans d'absence. Les travaux qui suivent, réflexions métaphoriques quasis théâtrales sur la nudité de la mort en Afrique et la quête de nativité, de renaissance topologique, le triomphe mortiféré sur l'Equateur funambule, les terres consanguines et le scintillement des gemmes, prirent place dans l'enceinte de l'abattoir aux zébus de Tambacounda.
Ils partent invariablement du premier livre du "chantre de la négritude", le poète Martiniquais Aimé Césaire : Cahier d'un retour au pays natal.
1.- Installation à la craie blanche d'un extrait de cinq pages de ce livre sur le sol de l'enclos destiné aux boeufs, avant l'arrivée de ceux-ci, démarrant au portillon d'entrée pour finir dans la salle d'abattage. Suivit, plus tard, de l'entrée "forcée" des premières bêtes dans le périmètre. Puis, au petit matin, de leur égorgement sur le dernier paragraphe du texte.
"(...) Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : "J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies". (...) "Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir." (...) De nouveau cette vie clopinante devant moi. Non pas cette vie, cette mort, cette mort sans sens ni piété, cette mort où la grandeur piteusement échoue, l'éclatante petitesse de cette mort, cette mort qui clopine de petitesse en petitesse ; ces pelletées de petites avidités sur le conquistador ; ces pelletées de petits larbins sur le grand sauvage, ces pelletées de petites âmes sur le Caraïbe aux trois âmes, et toutes ces morts futiles. Absurdités sous l'éclaboussement de ma conscience ouverte, tragique futilités éclairées de cette noctiluque, et moi seul, brusque scène de ce petit matin où fait le beau l'apocalypse des monstres puis, chavirée, se tait. Chaude élection de cendres, de ruines et d'affaissements. (...) "
Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal, Présences Africaines, 1983, page 22-23.
2.- Scénographie impliquant femmes et enfants des quartiers environnants, cherchant un mimétisme symbolique avec l'animal : marche jusqu'à la décharge d'ossements et ramassage d'un scalpe de zébu, prolongée d'une déambulation sur les routes alentours avec les cornes au front avant d'aller les remettre dans leur nécropole initial.
3.- Je respire un air chaud de viande, "de sourds mugissements viennent jusqu'à moi comme de lointaines musiques", comme des hécatombes chryséléphantines : Côte d'Ivoire, Rwanda, Éthiopie, Jumhuriyat al-Sudan. Usant d'abattis génésiques (tripes, verges de taureaux et foetus de vache), installation au devant des vautours de Rüppel d'un mot empreinté au même texte : BOUCHE.
- Abréaction : installation cathartique à la craie bleue dans le marché Mouride Sandaga, Dakar, Sénégal :
Sandaga est le plus grand marché de Dakar. Les odeurs de poissons séchés, de viande fraîchement abattue, et de résidus organiques en décomposition se marient aux senteurs de savon et de fumée de bois.
Sorte de graffiti pérenne, l'installation est un travail poétique et cathartique de vulgarisation consistant en la traversée de l'espace publique par une phrase unique d'écriture automatique. Abréaction, l'intervention invite une extériorisation des refoulements affectifs, résultat possible selon Aristote de la tragédie sur l'audience (Poétique, VI et VIII).
À Touba comme à Dakar, le commerce est caractérisé non pas par des clients cherchant des marchandises, mais par des marchands cherchant des acheteurs. La majorité des vendeurs de Sandaga, généralement Wolofs, viennent d'une région du Sénégal appelée Baol. Ils sont donc nommés Baol-Baol, mais sont mieux connus comme faisant partie de la confrérie Islamique des Mourides, marchands ascétiques ayant depuis ce marché établit un réseau commercial mondial.
La confrérie Islamique Mouride fût fondée par Cheikh Ahmadou Bamba (parfois aussi appelé Ahmed Ben Mohammed Ben Abib Allah ou Khadimou Rassoul). Les Mourides Sénégalais le considère pratiquement comme l'égale de Muhammad, et considère la Grande Mosquée de Touba, Ground Zéro du Mouridisme et cité sainte où se trouve sa tombe, comme aussi ou plus importante que la Mecque (générant par là même la consternation parmi les autres Musulmans, qui considère cela blasphématoire).
Les images sont du peintre Sénégalais Soly Cissé.
- Cantos: exposition collective, Musée d'art contemporain - Casino de Luxembourg, Luxembourg :
"Dans sa préface à son oeuvre Cantos, Barnett Newman écrivait que la lithographie
≪ est un instrument dont on joue. C'est comme un piano... et comme avec un instrument,
il interprète... la création est jointe au "jeu" ≫. Les artistes (comme les pianistes) déploient
une énergie pour jouer, c'est-à-dire pour interpréter leur création. C'est cette énergie
(et ses variations) liée à un certain objet de travail qui fut la raison principale du choix des oeuvres
et des artistes. Puis vient l'objet de cette énergie. Quelque chose d'incompréhensible, qui nous laisse
pantois devant l'insaisissable force de ce qui ne se justifie pas. Une compulsion qui ne trouve sa fin
que dans l'oeuvre. Une compulsion à l'oeuvre."
Michel Assenmaker, 17 décembre 2004
Artistes : Nobuyoshi Araki, Olivier Foulon, Pierre Klossowski, John Murphy, Willem Oorebeek, Joëlle Tuerlinckx, Eric Van Hove.
Le travail présenté était constitué d'une installation murale à la craie bleue et d'une série de 19 Calligraphies "corrigées" montées sur des contextures de soie (rouleaux traditionnels) par le maître Japonais Yuji Hasegawa, alternant les motifs textiles, les couleurs et les céramiques des caches. Il s'agit de l'ensemble des 71 caractères de l'un des deux syllabaires Japonais, le Hiragana -l'écriture des femmes- écrit à l'encre noire sur Washi. La série fût ensuite "corrigée" à l'encre rouge par le maître Yuji Kato, comme cela se pratique encore en certains endroits d'Asie, générant de ce fait une production à deux sens, et à deux niveaux de lecture : le monologue maître-élève Nippon se muant en une collaboration plastique dés sortie de son contexte.
Le fait de monter sur rouleaux des "exercices" constituant en soit une entorse à la tradition, ces calligraphies -presque pédagogiques- glissent dans une abstraction plus contemporaine selon que l'on parle ou non la langue Nippone, que l'on connaisse ou pas les règles calligraphiques, etc...
L'installation murale quant à elle, part de quatre textes remaniés de Pablo Neruda et de certains Fragments poétiques de Sapho.
Le commissaire de l'exposition était Michel Assenmaker. (lire le communiqué de presse - pdf)
- Composure: installation d'un silence aphone, temple Bouddhiste Shomanji, Shirogane-Takanawa, Tokyo :
"Le langage étant le fait de la civilisation, la violence même est silencieuse."
Georges Bataille, l'Érotisme, Éditions de Minuit, 1957.
Le silence, comme constituant principal de la musique ou des architectures, est en quelque sorte une intonation première, sensible. Économie de moyen, recherche de pondération, l'installation consista en la construction d'un silence assourdissant, outrancier, inconsidéré : un vide perceptible.
Au bout, au fond, le silence est ce point de rencontre entre la musique et le langage.
Il peut être ainsi difficile de penser qu'un mot aussi Asiatique que "Zen", est originellement un mot Indo-Européen. Zen, présent dans nos langues depuis le 18e siècle est la prononciation Japonaise du vocable chinois chán, "quiétude." Chán vient du Sanskrit dhynam "méditation," de la racine dhy-, dh-, "voir, observer." L'origine Indo-Européene derrière le Sanskrit étant dhei-, dhy-, "regarder, voir." Cette racine est aussi présente en Grec, où dhy- devient s-, tout comme dans le Grec classique sma, "signe, marque distinctive". De là, provient le mot "sémantique".
Absence prononcée de discours, ramenant le silence à sa source étymologique, la tentative de ce travail fût de constituer un espace de méditation, d'auto contemplation et d'intuition, en établissant un volume tangible, pour ainsi dire tonitruant, de mutisme.
Les images sont du photographe français Philippe Pelletier.
Des baffles Linn furent utilisés, du fait de leurs différentes propriétés techniques.
- Installation de textes de Constantine P. Cavafy sur la Grande Mer de Sable, oasis de Siwa, Egypte :
"I didn't hesitate, I went,
went into the fluorescent night,
to satisfactions sometimes real
at times icons of inspiration.
I drank deep, as only connoisseurs
of concupiscence drink."
Constantine P. Cavafy, I went, June 1905.
Transcription de textes du poète Grec d'Alexandrie Constantine Peter Cavafy sur les dunes de la Grande Mer de Sable, près de la frontière Libyenne, qui s'étendent sur près de 800km au sud jusqu'à Gilf Kebir.
Porteur de Prika, comme les Grecs nomment cette qualité peu définissable que les Espagnols appellent duende et qu'en langue française on ne peut traduire que par "inspiration", Cavafy naquit en 1863, personne singulière dans un lieu singulier à l'aube de cette manifestation qu'on appelle chez nous le Modernisme. Comme l'avance Desmond O'Grady, Cavafy aura inventé pour lui-même une persona qui créa un ensemble de poèmes formant une épiphanie tour à tour naturaliste, symboliste, métaphorique, historique et mythique.
Malgré une isolation extrême à 305km au sud de Marsa Matruh (Paraetonium) sur la route caravanière dites de "Marsrab al-Istabl" mais nommée Darb al-Mahashas par les Bedouin, l'oasis de Siwa est célèbre depuis l'Antiquité pour héberger l'Oracle du Temple d'Amon, qu'Alexandre le Grand, après une périlleuse traversée du désert, vint spécialement consulter en 331 av. JC pour recevoir la confirmation qu'il était bien le fils de Zeus.
L'Oracle de Siwa était l'un des sept Oracles de l'Antiquité, avec Delphi, Abae à Phocia, Donona, l'oracle d'Amphiaraus et Trophonius, et Branchidae à Milesia. Le fameux général Athénien Cimon, le poète lyrique Grec Pindar, l'athlète Eubotas ou encore Pausanias virent à Siwa.
- Imagining the book biennale, bibliothèque d'Alexandrie, Alexandrie, Egypte :
1.- Alexandrie reste au chevet du mythe. L'ancienne ville perdure 6 mètres sous terre, invisible sous ses habitants pleins de leurs histoires à dormir debout. Je pris le temps d'écouter pendant une dizaine de jours ; le travail aura été l'écho de ces observations.
La circulation des billets de banque dans une cité, passant de main en main, peut être vue comme un réseau versatile, irrésolus et sous-jacent de panneaux d'affichages investissant l'espace publique par l'intérieur. Je me souvient de l'utilisation qu'en firent les habitants du ghetto de Varsovie en 1943.
L'intervention, intitulée "Bill Boards", aura consisté en l'écriture en différentes langues de poèmes, suggestions et réflexions sur des billets de la banque Egyptienne, avant de les dépenser pour acheter thé et Sheesha (pipe à eau) dans différents Ahwas ou café dans le souk de la ville, où ces "billets doux" doivent encore être en circulation à l'heure où vous lisez ces lignes pour payer pain, légumes et taxis. Le travail prit place principalement dans des cafés situés le long de Sharia Nokrashi, Sharia Faransa et Zinqat as-Sittat ("Le goulot des femmes"), y compris Sheikh Aly Bar et le Togaria Café.
Cette intervention s'inspire d'une coutume locale, puisqu'il semble qu'écrire ses messages d'amour sur des billets de banque est une habitude Egyptienne, nombre d'entre eux étant griffonnés de messages. "Tu m'es cher" dit-on encore en Français ; ainsi, les habitants écrivent leurs maux sur un bout d'argent, avant d'en faire crédit à l'intéressé.
Bien sûr, je suppose que l'amant l'écrivant, l'aimé se contente de le dépenser.
2.- Acte : Abréaction. Sorte de graffiti pérenne réalisé dans différentes cités du monde, l'installation est un travail poétique et cathartique de vulgarisation consistant en la traversée de l'espace publique par une phrase unique d'écriture automatique. Abréaction, l'intervention invite une extériorisation des refoulements affectifs, résultat possible selon Aristote de la tragédie sur l'audience (Poétique, VI et VIII).
La performance prit place dans les alentours de Mancheya, autour de la rue Faransa (rue de France) dans le vieux quartier Ottoman d'Alexandrie.
Les photos sont de l'artiste Sud-africaine Sue Williamson et de la photographe Suédoise Aia Jüdes.
Le commissaire de l'événement était Mohamed Abouelnaga.
- Vis-à-vis : monument à la dérobée au satiriste Américain Joseph Rodman Drake, Promenade Littéraire de Central Park, New-York, USA :
"Green be the turf above thee,
Friend of my better days!
None knew thee but to love thee,
Nor named thee but to praise."
Fitz-Green Halleck, On the Death of Joseph Rodman Drake, 1820.
L'intervention est un cénotaphe obreptice en hommage au satiriste et poète Américain Joseph Rodman Drake (1795-1820). Installée en face de la statue de Fitz-Green Halleck réalisée en 1876 par James Wilson Alexander MacDonald, elle se trouve à Central Park, au nord de la 65e Traverse, sur la Promenade Littéraire.
Il y a environ 8500 bancs publiques dans le parc, et durant mes déambulations je pu remarquer que la plupart d'entre eux portent de petites plaques gravées d'inscriptions telle que "Loris, with love of course, what else...", ou "S.I's seat". Reste que la majorité évoque la mémoire d'un disparut, transformant ces bancs en une série de mémoriaux, des cippes où s'asseoir.
Au fond, il n'y a de meilleur tombeau qu'un banc vacant.
Le travail consista simplement en l'installation d'une plaque additionnelle, portant l'inscription "Joseph Rodman Drake's vis-à-vis, please keep this seat vacant" (vis-à-vis de Joseph Rodman Drake, veuillez laisser ce siège libre) sur le banc faisant face à la statue de Halleck.
- Poussières : installation inaccessible à Gertrud Kolmar dans le palais déserté du Prince Said Halim Pasha, galerie Townhouse, Le Caire, Egypte :
"Le cour des événements est similaire aux peintures Impressionnistes,
n'apparaissant comme un tout reconnaissable qu'une fois observées d'une certaine distance."
Gertrud Kolmar dans une lettre à sa soeur, 22 Octobre 1939.
1.- Vestiges d'Arcadie, ziggurat antiques, éclats d'architecture, maisons brûlées, ombres d'Hiroshima, tours de New-York. Ou peut-être Nelly Sachs, Rose Ausländer, Elsa Lasker-Schüler, Ingeborg Bachmann.
Comme l'aura remarqué Walter Benjamin, c'est en tant qu'elles portent la marque de l'implication de l'art dans la vie que les ruines rejoignent "les forces constructives de l'humanité".
Le langage lui-même n'est qu'une montagne de débris; "Earthwords" comme l'avance Robert Smithson.
Hommage implicite à Gertrud Kolmar, l'ouvrage consiste en une installation inaccessible de ses poésies, tracées du doigt dans les accumulations de poussières recouvrant le sol du palais abandonné du Prince Ottoman Said Halim Pasha, petit-fils de Mohammed Ali assassiné à Rome en 1921. Le bâtiment, adjacent à la galerie dans le quartier Sheikh al-Maarouf au Caire, fût construit au 19e siècle par l'architecte Antonio Lasciac, Italien par choix et Austro-hongrois par accident de naissance.
La tentative avouée de l'installation est de mettre en exergue la corrélation possible entre la transmutation du palais par le temps et l'écriture de Kolmar, mémoire irrémédiable portant similairement les marques du 20e siècle: abondance d'images, lyrisme élégiaque, métaphores, symboles.
2.- Si les Égyptiens usent en espace publique de plaques dorées pour désigner la fonction des choses, ils revendiquent aussi momentanément des morceaux de cet espace en vue d'un usage privé : terrasses de café, étalages de magasins, parking de garages viennent le grignoter.
De façon similaire, l'installation innaccessible du palais est suggérée aux passants à travers une série de neuf plaques dorées placées dans les rues environnantes, et portant une exégèse cyclique en Arabe qui s'inspire partiellement des textes de Kolmar.
Ces fragments renvoient au mythe de Sisyphe, dont Albert Camus usa de la compulsion métaphorique pour évoquer l'absurdité du quotidien, qui retombe invariablement dans la mort.
Chaque plaques portent en rouge le nom d'une rue proche où une autre plaque peut être trouvée, invitant dés lors à une circonvolution sans réel début ni fin dans les alentours, rappel du phénakistiscope des jours qui passent.
Commissaire: William Wells pour la galerie Townhouse.
Réalisé grâce au support de l'ambassade de Belgique au Caire.
- Installation-performance: Monologue à sept femmes dont ma mère, Montagne sacrée Kailash, Ngari, Himalayas Tibétains :
Il n'est pas trop tard pour un nouveau monde
... et mon sens sera
De naviguer par delà le couchant, et les bassins
De toutes les étoiles de l'Ouest, jusqu'à ma mort.
Tennyson, Ulysses
Antonio Andrade, un missionnaire Jésuite du début du 17ème siècle à la cour d'Akbhar, l'empereur Mogul, ainsi qu'à celle du royaume Tibétain de Guge, semble avoir été le premier Européen à pauser un regard sur le Mt. Kailash, le nombril du monde.
Grande masse pyramidale de roche noire s'élevant à 6675 mètres d'altitude dans la région reculée de Ngari dans le Sud-Ouest Tibétain, Kailash -l'Axix Mundi- est un lieu hautement sacré depuis des milliers d'années. La montagne était semble-t-il déjà légendaire avant que les grandes liturgies Hindoues, le Ramayana et le Mahabharata, ne furent écrites.
Les Hindouistes pensent qu'elle est le mythique Mont Meru, résidence de Shiva -l'ultime ascète- tandis que les Jains l'appelle Astapada, l'endroit où Rishaba, le premier des vingt-quatre Tirthankaras atteignit l'illumination. Les suivants de Bön -le shamanisme Tibétain- l'appellent Tise et y voient le trône de la déesse du ciel Sipaimen, lieu d'une bataille magique légendaire entre le sage Bouddhiste Milarepa et le shaman Bön Naro Bon-chung. Pour finir, les Bouddhistes Tibétains nomment la montagne Kang Rimpoche "Le Joyau de Neige", et y voient la résidence de Demchog (ou Chakrasamvara) et de son aide, Dorje Phagmo.
Les trois jours nécessaires au contournement rituel du Mt. Kailash par les pèlerins (sens horloger pour les Bouddhistes, anti-horloger pour les adeptes de Bön), appelé Kora(Tibétain) ou Parikrama(Sanscrit), est sensé absoudre les péchés de toute une vie. Parcourt symbolisant le passage de la mort à la réincarnation, il est suivit par un bain dans les eaux glacées du lac Manosaravar "Lac de la Conscience et de l'Éveil", appelé Mapam Yumso en Tibétain. En Inde, pour évoquer la mort on usera de l'idiome "partir pour Kailash".
Le point culminant de la Kora est le col de Drolma-La situé à 5636 mètres. Tara (étoile) ou simplement Drol-ma en Tibétain, déesse de la protection et de la compassion, est l'une des principales déités du Tibet. Elle est le bodhisattva représentant les activités miraculeuses de tout les bouddhas. Dans le mythe, elle est née des larmes de compassion de Chenrezig et à reçu l'illumination tout en restant une femme.
Le lac Manasarovar est en outre appelé "Mère des rivières du monde" dans les classiques Bouddhistes, car les sources du Brahmaputra, du Sutlej, de l'Indus et du Ganges, les quatre puissants fleuves d'Asie, eux-même vénérés dans les pays qu'ils traversent, jaillissent ici vers les quatre points cardinaux. Les fleuves portent le nom des quatre animaux du nirvana : le paon, l'éléphant, le lion et le cheval.
1.- Basé sur l'altitude du col de Drolma-La ainsi que sur sa relation à la féminité et à la compassion, le travail consista en un Monologue à sept femmes dont ma mère, écrit dans les marges d'une série de drapeaux de prières durant le long périple Himalayen, suivit par l'ascension de l'étroite gorge durant la Kora dans le matin brumeux pour venir les accrocher au sommet.
De cinq couleurs, ces drapeaux Tibétains ont pour fonction d'amener les prières jusqu'aux culminances -en offrande au "Cheval du Vent"- d'où ils protégeront ce qu'ils surplombent.
2.- Dans un deuxième temps, transposition d'une pierre ramassée sur les flancs du Mt. Sinaï près du monastère Sainte-Catherine en Egypte, jusqu'au "Cimetière du Ciel" de Tarchen, près du monastère de Chukku.
Similaire aux "Tours du Silence" Zoroastres (l'une des plus anciennes religions monothéistes existantes) les Cimetières du Ciel Tibétains sont des lieux où le corps des morts -alors considérés n'etre plus que des envelopes vides- sont mis en morceaux et offerts aux vautours qui, appelés avec de l'encens, laisseront leurs fientes sur les pics neigeux. Étonnement, si les Zoroastres laissent au défunt trois jours pour qu'il quitte le corps et traverse le pont Hinvar jusqu'au paradis, les Tibétains quand à eux pensent qu'après trois jours, la conscience (ou Namshe) du disparut sortira par le sommet du crâne et traversera le Bardo - le stade intermédiaire précédant la réincarnation.
- Écriture avec des bananes, et attente des singes Rhésus, Swayambhunath Stupa, Katmandou, Népal :
Interpréter un texte, ce n'est pas lui donner un sens
(plus ou moins fondé, plus ou moins libre),
c'est au contraire apprécier de quel pluriel il est fait."
Roland Barthes, S/Z, 1970.
Spirale d'or couronnant une colline conique habité par de nombreux primates anthropoïdes, Swayambhunath Stupa est le plus ancien de tout les temples sacrés de la vallée de Katmandou.
Par ailleurs, comme annoncé dans une postface de Gérard Genette, "Brecht suggérait avec ironie que l'exil constitue la meilleure école pour apprendre : c'est vrai qu'un corps traversant plusieurs espaces historiques, plusieurs langues, plusieurs codes, ce corps-là doit générer une sacrée dose de contradictions. Je ne sais pas si ça passe bien dans ce texte à travers la bêtise, le vomi, la moquerie, les pulsations jazziques, la légende biographique, les graffitis, le décervelage publicitaire, le déchargement névrotique, les conneries entendues à la radio, les parodies, les jeux de mots, les jeux d'échos, les tropes, les bégaiements, les dérapages sémantiques, les ruptures de phrasés, la dérision ponctuationnelle ou orthographique... enfin ce n'est pas à moi d'annexer un mode d'emploi comme si le texte venait d'une autre voix." G. Genette, Palimpsestes. La littérature au second degré, Paris, Seuil, 1982, page 451.
Le travail consista à écrire avec des bananes, et à attendre les singes.
Il prolonge une série d'interventions similaires, dont :
- l'écriture avec des abattis génésiques au devant des vautours Nubiens à Tambacounda (Sénégal/2005)
- l'écriture à l'aide de graines au devant des pigeons dans le park d'Ueno (Tokyo/2002).
- Metragramme sur une femme Scandinave, sous-bois de Kalbjärga, île de Fårö, Gotland, Suède :
"Origin here means that from and by which something is what it is and as it is. What something is, as it is,
we call its essence or nature. The origin of something is the source of its nature. The question concerning the
origin of the work of art asks about the source of its nature. On the usual view, the work arises out of and by
means of the activity of the artist. But by what and whence is the artist what he is? By the work; for to say that
the work does credit to the master means that it is the work that first lets the artist emerge as a master of his art.
The artist is the origin of the work. The work is the origin of the artist. Neither is without the other. Nevertheless,
neither is the sole support of the other. In themselves and in their interrelations artist and work are each of them
by virtue of a third thing which is prior to both, namely that which also gives artist and work of art their names -- art."
Martin Heidegger, The Origin of the Work of Art, in Basic Writings, Harper, San Francisco, 1977, page 149.
En calligraphie Asiatique, si l'on encre abondamment le pinceau avant d'écrie un kanji, les traits se rejoignent bientôt jusqu'à former une large tache noire. Indéchiffrable en apparence, cette tache calligraphiée restera lisible à l'initié, le caractère tracé étant bien inscrit dans l'amalgame encré.
De façon similaire, Bachelard avançait que la "poésie met la langue dans un état d'émergence, où la vie se manifeste dans sa vivacité", disant "qu'en poésie, le non-savoir est une condition primordiale" Gaston Bachelard, La poétique de l'espace, P.U.F., Paris, 1964.
Intervention calligraphique liée aux Anthropométries d'Yves Klein, aux Logogrammes de Christian Dotremont ou aux Dactylogrammes de Piero Manzoni, ce que j'intitule un Metragramme (ou Matrigraphie) consiste à maculer l'hypogastre d'une femme d'un aplat d'encre noire --tabula rasa, pinakis agraphos-- ancrer une forme de refus si je puis dire. Amphirouri réfléchissant le paradoxe de l'écriture, ses ténèbres peut-être, un Metragramme tends à refléter une zone géographique et ethnologique particulière à travers l'encrement symbolique de l'origine de ce monde.
Peut-être les peintures tour à tour mythologiques ou oniriques auxquelles Courbet s'attaqua en peignant le sexe et l'entrejambe de Joanna Hiffernan en 1866 sont-elles similaires aux diverses feuilles de chou et périodiques complaisants qui inondent les librairies actuelles.
L'image suivante évoque la tradition Suédoise du Skogsrå, un conte de fée forestier.
Pour une exploration d'autres travaux faisant partie de la série des Metragrammes, visitez ce lien.
- Metragramme sur une femme Romaine, jardins de la Villa Borghèse, Rome, Italie :
"Là où ça parle, ça jouit, et ça sait rien."
Jacques Lacan, Encore, Éd du Seuil, Paris, 1975, page 133.
Grand jardin réalisé dans le style naturaliste Anglais, le parc de la Villa Borghèse fût construit sur une ancienne vigne par le patron de l'artiste baroque Gian Lorenzo Bernini, le cardinal Scipione Borghèse. Bernini est le sculpteur de l'"Extase de St Thérèse" dans la chapelle Cronaro de Santa Maria della Vittoria, dont Lacan se servit de point de départ pour introduire "Encore"(Séminaire XX: Sur la Sexualité Féminine, les Limites de l'Amour et de la Connaissance).
Intervention calligraphique liée aux Anthropométries d'Yves Klein, aux Logogrammes de Christian Dotremont ou aux Dactylogrammes de Piero Manzoni, ce que j'intitule un Metragramme (ou Matrigraphie) consiste à maculer l'hypogastre d'une femme d'un aplat d'encre noire --tabula rasa, pinakis agraphos-- ancrer une forme de refus si je puis dire. Amphirouri réfléchissant le paradoxe de l'écriture, ses ténèbres peut-être, un Metragramme tends à refléter une zone géographique et ethnologique particulière à travers l'encrement symbolique de l'origine de ce monde.
Pour une exploration d'autres travaux faisant partie de la série des Metragrammes, visitez ce lien.
- Metragramme sur une femme Nippone, Shonben Yokocho, Kabukicho, bas quartiers de Shinjuku, Tokyo, Japon :
Kabukicho est ce que les urbanistes et les sociologues nomme un "quartier représentatif". Certains le considèrent comme un échappatoire aux problèmes de la vie, et d'autres comme la source de ces mêmes problèmes. Quoi qu'il en soit, Shinjuku à une longue histoire pour ce qui est de répondre aux besoins libidinaux des banlieusards à la masse. Si ce coin de Shinjuku fut créé afin d'offrir aux voyageurs un endroit de repos (Shinjuku se traduit par "nouveaux logements"), très vite les tavernes et hotels servirent plus que du riz et du saké : des "vendeuses de printemps". Shonben Yokocho, "le petite chemin de l'urine" comme l'appelle les initiés, en est l'une des antichambres.
Intervention calligraphique liée aux Anthropométries d'Yves Klein, aux Logogrammes de Christian Dotremont ou aux Dactylogrammes de Piero Manzoni, ce que j'intitule un Metragramme (ou Matrigraphie) consiste à maculer l'hypogastre d'une femme d'un aplat d'encre noire --tabula rasa, pinakis agraphos-- ancrer une forme de refus si je puis dire. Amphirouri réfléchissant le paradoxe de l'écriture, ses ténèbres peut-être, un Metragramme tends à refléter une zone géographique et ethnologique particulière à travers l'encrement symbolique de l'origine de ce monde.
Pour une exploration d'autres travaux faisant partie de la série des Metragrammes, visitez ce lien.
- Exposition collective: "Without borders" (meeting annuel de l'IKG), Rotermann's salt storage, Musée de l'architecture, Tallinn, Estonie :
"Dans l'écriture informelle Anglaise, aussi bien "if" que "whether" sont régulièrement utilisés pour introduire
une clause indiquant l'incertitude après un verbe tel que demander, douter, savoir, apprendre, ou voir.
Dans de tels contextes toutefois, l'utilisation de "if" peut parfois générer des ambiguités"
[if: note d'usage] Dictionaire de langue Anglaise, Quatrième édition, Houghton Mifflin Company, 2000.
Le Internationales Künstler Gremium(IKG) fût fondé par Joseph Beuys et quelques autres artistes Allemands en 1976 à Cologne, avec l'objectif de former une plateforme d'échanges entre artistes de l'Est et de l'Ouest Européen.
Mon intervention consista en la plantation d'un if (homonyme de la conjonction Anglaise ayant le même nom que l'arbre) devant l'entrée du musée, parmi les coprins chevelus et les pissenlits.
Travail commissionné par Dorothée Bauerle-Willert et Jårg Geismar.
- "2live": Exposition Internationnale de Photographie, Gallery of Fine Arts Koroska, Slovenj Gradec, Slovénie :
"The year 2005 sees a number of important thresholds and anniversaries: among others, sixty years since the end of World War II and the founding of the United Nations. At the time, both events announced significant changes in the world: the end of World War II brought the hope that conflicts of such dimensions would never happen again; and the founding of the UN was meant to assure (with the Declaration on Human Rights) that human rights would become important and would see a real chance of being realised. However, never before has the world been so torn with conflicts and clashes, intolerance has become omnipresent, ecological problems appear unsolvable. Therefore we face the basic existential dilemma of whether we will be able to survive for long in such a world. What is it that preserves life and humanity, so that we might live our lives, our little daily stories?
The exhibition theme is meant to be as wide as possible. We would like the artists of different generations to point to the social, ecological, economic and humanitarian dilemmas of man, to picture man as an individual and a social being, whose basic right is to live (...)"
Liste des artistes et site web de l'exposition : http://www.glu-sg.si/exhibitions/2Live/index.htm
Travail commissionné par Jårg Geismar et Jernej Kozar.
- Metragramme sur une femme Wallonne, Val d'or, Pecrot, Grez-Doiceau, Wallonie, Belgium :
Intérieur de l'architecte Belge Geneviève de Vriendt: ma mère.
Intervention calligraphique liée aux Anthropométries d'Yves Klein, aux Logogrammes de Christian Dotremont ou aux Dactylogrammes de Piero Manzoni, ce que j'intitule un Metragramme (ou Matrigraphie) consiste à maculer l'hypogastre d'une femme d'un aplat d'encre noire --tabula rasa, pinakis agraphos-- ancrer une forme de refus si je puis dire. Amphirouri réfléchissant le paradoxe de l'écriture, ses ténèbres peut-être, un Metragramme tends à refléter une zone géographique et ethnologique particulière à travers l'encrement symbolique de l'origine de ce monde.
Pour une exploration d'autres travaux faisant partie de la série des Metragrammes, visitez ce lien.
- Installation d'une ferme à lombrics suivit d'un autodafé tactique avec transmission radio, Wanakio 2005, marché aux légumes Noren, Naha, Okinawa:
Wanakio est une initiative trans-disciplinaire qui s'intéresse aux transformations de la société et de l'environnement urbain suite à l'avènement de la globalisation et la constante modernisation qui l'accompagne.
1.- La première phase de l'intervention proposée consista en l'installation dans le marché aux légumes Noren -- l'un des plus démuni et ancien de Naha -- d'une ferme à vers de terre permettant le recyclage des déchets organiques (qui jusque là étaient brûlés) en un engrais profitable à la communauté. L'objectif de ce mécanisme biologique étant simplement de permettre aux vieilles vendeuses du marché de recycler leurs invendus en un compost dont elles pouvaient ensuite tirer un bénéfice providentiel. Des workshops avec les écoles proches furent proposés.
Ce projet fût réalisé en collaboration avec l'artiste Australien Richard Thomas.
2.- La deuxième phase de ce travail consista en un autodafé tactique : nourrir ces organismes archaïques de photocopies de la Constitution Japonaise (omettant l'article 9), écrite sous l'occupation d'après guerre par des avocats Américains. Le son produit par la digestion de ces pages contestées (qui étonnamment ressemblent au crépitement d'un feu) fut enregistré et retransmit live sur les ondes radio locales, évoquant peut-être en cela la voix d'outre tombe d'Hirohito le 15 Août 1945.
Certains anonymes auront par ailleurs prit l'initiative d'offrir aux vers leurs propres réflexions sur le sujet, inscrites sur des bouts de papier, donnant par la même une dimension cathartique à la proposition. Dans la tradition Shintoïste, les prêtres pratiquent parfois un autodafé appelé お焚き上げ (otakiage), littéralement "donner au feu".
Dans la Grèce antique, les livres du sophiste Protagoras furent brûlés sur la place publique d'Athènes. Les empereurs Romains usaient régulièrement d'autodafés, tout comme le Pape Gregory IX, qui en 1242 jeta un chariot entier de volumes du Talmud Juif dans le feu à Paris. Au 14eme siècle, les prédicateurs Européens organisèrent le "bûcher de vanité" (Sandro Botticelli y jeta d'ailleurs lui-même quelques unes de ses peintures) où la littérature dite immorale fût détruite, sans parler des brasiers fréquemment orchestrés par les Nazi. L'autodafé le plus célèbre à l'Est semble être le 焚書坑儒 (brûler les classiques Chinois et enterrés vivants les érudits Confucéens) ordonné par le Premier Empereur de Chine, Qin Shi Huan (秦始皇 / Shin-no-Shikoutei en Japonais) en 213-212 BC.
- Écriture avec des poissons et attente des bernard-l'hermite, mangrove du Grand Cul de Sac Marin, Guadeloupe, Antilles Françaises :
Interpréter un texte, ce n'est pas lui donner un sens
(plus ou moins fondé, plus ou moins libre),
c'est au contraire apprécier de quel pluriel il est fait."
Roland Barthes, S/Z, 1970.
Vallées alluviales, rives d'estuaires, périphéries.
"Une même ruine dévore et l'animé et l'inanimé ensevelis dans un même oubli; et dans un monde renouvelé, il ne subsiste nulle trace de ce qui fut abhorré ou divinisé dans un monde effacé" notait Etienne Pivert de Sénancour dans ses Rêveries. De même l'écosystème terrestre de certains littoraux vaseux et lagunaires; le flux des marées dans ma tête.
Seconde réserve de la biosphère de l'archipel des Petites Antilles, la mangrove du Grand Cul de Sac Marin ensevelis dans un même oubli une végétation arborescente de palétuviers, herbes coupantes et fourragères dorées : la grande herbe mare, l'herbe couteau et l'icaque pullulent. Monde renouvelé dans ce marais saumâtre, grands échassier, poules d'eau, pluviers, bécassines, reinettes et crapauds buffle, perroquets, balbuzard , chevaliers, sergent majors, soleil ou cardinaux. Les pagures surabondent, caraïbe, me grouille sur la phrase.
Le travail consista à écrire avec des poissons, et à attendre les bernard-l'hermite.
Il prolonge une série d'interventions similaires, dont :
- l'écriture avec des abattis génésiques au devant des vautours Nubiens à Tambacounda (Sénégal/2005)
- l'écriture à l'aide de graines au devant des pigeons dans le park d'Ueno (Tokyo/2002).
- l'écriture avec des bananes au devant des singes Rhésus sur le Swayambhunath Stupa à Katmandou (Népal/2005).
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