Luchino Visconti était un grand lecteur d'À la recherche du temps perdu. Même en portant à l'écran d'autres auteurs, le "cinéaste du temps" ne chercha pas à dissimuler sa passion pour le chef-d'oeuvre romanesque de Marcel Proust. Un certain nombre de ses films, tels Il Gattopardo (1963), Vaghe stelle dell'Orsa (1965), Morte a Venezia (1971) et L'Innocente (1976), rencontrent l'univers de Proust non seulement par leurs thèmes, mais aussi par des allusions parfois très explicites et par leur esthétique même.
Le présent essai se propose d'analyser ces affinités. Il est complété par un témoignage émouvant. Nicole Stéphane revient en pensée à l'adaptation de la Recherche qu'elle avait l'intention de produire pour Luchino Visconti au début des années 1970 ; malheureusement, le projet n'aboutit pas..."
Peter Kravanja, Bruxelles, 17 Novembre 2004
Les esquisses présentées dans cet ouvrage ont pour nom "dessins karautsushi" (prononcer karaoutsoushi), terme japonais (空写し) désignant le fait d'appuyer sur le déclencheur d'un appareil photo sans prendre d'image, soit parce qu'aucun négatif n'y est chargé, soit pour avancer le film (donc sans cadrer). Il s'agit de circonscriptions et de surimpessions, ce dernier procédé étant parfois cinématographique et supposé "mettre en exergue le flux temporel".
La circonscription, technique en laquelle excellait Parrhasius, ainsi que nous l'apprend Xénophon dans un entretien de Socrate, est cette opération qui consiste à tracer les circuits des contours.
Les esquisses furent réalisées à partir de documents visuels trouvés par moteur de recherche, en placant une feuille de papier directement sur l'écran d'un ordinateur connecté à Internet. Ce dispositif se veut la relecture a posteriori d'une tradition qui remonte à la Renaissance, au moment même ou commencait à s'élaborer la perspective monoculaire dont traita Leon Battista Alberti.
ISBN 88-89421-05-3 (fr) et 88-89421-06-1 (it) - 84 pages - Éd. Portaparole (Rome) info@portaparole.it