"(...)Alors il naquit d'une vache, c'est plus doux, puis d'un lézard
géant de la Nouvelle Guinée, gros comme un âne, puis il naquit
pour la seconde fois d'une femme, et faisant cela il songeait à
l'avenir, car c'est encore les femmes qu'il connaissait le mieux,
et avec lesquelles plus tard il serait le plus à l'aise, et déjà
maintenant regardait cette poitrine si douce et pleine, en faisant
les petites comparaisons que lui permettait son experience déjà longue."
Henri Michaux, Selected Writings, New Directions Pubishing, New York, 1968, page 72.
Étant celle qui me fit, moi, j'en suis venu à penser que ma mère était indirectement à l'origine de ma production. En tant qu'artiste allégorique derrière l'artiste que je suis, mon œuvre est en conséquence la sienne. La première photographie donc, fut prise dans son salon. Architecte de profession, ma mère à dessiné et construite cette maison pour sa famille; je vins donc y inscrire mon propre ouvrage, et étant moi-même son œuvre, la faire entrer dans le mien.
Je renvois ici mon lecteur au Manifeste De La Poésie Vécue (Éd. L’Infini / Gallimard, 1994) d'Alain Jouffroy. Michel Leiris parlera quand à lui de poésie véridique en des termes similaires dans un texte sur l'œuvre de Paul Eluard. (Michel Leiris, Brisées, Folio essais, Éd. Gallimard, 1992, page 197. Publication originale en 1966)
"Origin here means that from and by which something is what it is and as it is. What something is, as it is,
we call its essence or nature. The origin of something is the source of its nature. The question concerning the
origin of the work of art asks about the source of its nature. On the usual view, the work arises out of and by
means of the activity of the artist. But by what and whence is the artist what he is? By the work; for to say that
the work does credit to the master means that it is the work that first lets the artist emerge as a master of his art.
The artist is the origin of the work. The work is the origin of the artist. Neither is without the other. Nevertheless,
neither is the sole support of the other. In themselves and in their interrelations artist and work are each of them
by virtue of a third thing which is prior to both, namely that which also gives artist and work of art their names -- art."
Martin Heidegger, The Origin of the Work of Art, in Basic Writings, Harper, San Francisco, 1977, page 149.
Cinq années après que cette première images fut prise, je revins. Le terme vanitas, ou vanité, renvoi à la fuite du temps et à la mort. Il s’agit d’une catégorie particulière de nature morte à haute valeur symbolique réalisées habituellement par les peintres d'Europe du nord en Flandre et aux Pays-Bas au seizième et dix-septième siècle. Le mot est Latin, signifiant « vide » et peut une fois traduit correspondre à l’absence de sens qui caractérise la vie terrestre et la nature fugace de la vanité.
Je me souviens avoir lu quelque part que le Vanitas vanitatum (vanité des vanités) de Schumann est adjointe de l'annotation suivante: Mit Humor.
Intervention photo-calligraphique liée aux Anthropométries d'Yves Klein, aux Logogrammes de Christian Dotremont ou aux Dactylogrammes de Piero Manzoni, ce que j'intitule un Métragramme consiste à maculer l'hypogastre d'une femme d'un aplat d'encre noire --tabula rasa, pinakis agraphos-- ancrer une forme de refus si je puis dire. Allégorie, un Métragramme consiste en l'encrement symbolique de l'origine de ce monde.
Pour une exploration d'autres travaux faisant partie de la série des Métragrammes, visitez ce lien.